Moi, c’est Basile, le phoque curieux de la baie de Somme. D’habitude, je vous parle de salicornes croquantes ou de balades nature, mais aujourd’hui, c’est d’un sujet plus sérieux dont je veux vous parler : les zones de submersion marine. C’est un mot un peu long, un peu technique… mais super important pour comprendre comment la mer peut, parfois, sortir de son lit.
Qu’est-ce qu’une submersion marine ?
Une submersion marine, c’est lorsque la mer envahit temporairement des terres habituellement sèches. Ce phénomène peut être causé par :
- Une tempête, avec de fortes vagues et une élévation du niveau de la mer,
- Une marée exceptionnelle (comme les grandes marées d’équinoxe),
- Ou même la rupture d’une digue protectrice.
La baie de Somme est particulièrement concernée, car c’est un estuaire très plat, où la mer peut remonter loin à l’intérieur des terres en cas de montée des eaux. En tant que phoque, j’adore quand l’eau monte... mais pour les humains, c’est parfois un peu plus compliqué !
Un territoire déjà marqué par l’histoire
La baie de Somme a déjà connu plusieurs épisodes de submersion marine marquants. En voici quelques-uns :
- Au XIXe siècle, Saint-Valery-sur-Somme et Le Crotoy ont été régulièrement inondés lors de tempêtes ou de marées violentes.
- À Cayeux-sur-Mer, le hameau de Brighton a été en partie submergé au début du XXe siècle.
- Plus récemment, la tempête Xynthia en 2010 n’a pas touché directement la baie, mais elle a déclenché une prise de conscience nationale sur les risques littoraux.
Depuis, les communes se sont organisées : digues renforcées, zones à bâtir limitées, cartes de risque mises à jour. Mais le danger reste bien présent et si dame nature se fâche …
Quelles sont les zones à risque aujourd’hui ?
“Les phoques comme moi savent toujours où poser leurs nageoires à l’abri. Les humains, eux, doivent s’appuyer sur les cartes officielles !”
Les Plans de Prévention des Risques Littoraux (PPRL) permettent d’identifier les zones vulnérables. En baie de Somme, plusieurs secteurs sont particulièrement exposés :
- Le Crotoy, notamment les quartiers proches de la digue.
- Saint-Valery-sur-Somme, dans les bas quartiers du port et de la zone de la Ferté.
- Cayeux-sur-Mer, en particulier la Mollière et le cordon dunaire.
- Les zones arrière-baie (surtout en cas de combinaison marée + crue fluviale).
Heureusement, certaines zones naturelles comme les mollières (ces prés salés inondables) et les dunes jouent un rôle tampon très précieux.
Et demain ? Le défi du changement climatique
Voilà le plus important, selon moi : le futur. Les scientifiques sont unanimes : le niveau de la mer monte. D’ici 2100, les prévisions parlent de +60 cm à +1 m selon les scénarios. Et ce n’est pas tout :
- Les tempêtes pourraient devenir plus fréquentes,
- Les marées hautes seront plus souvent critiques,
- Les terres basses pourraient devenir inhabitables à long terme,
- Et la salinisation des sols pourrait affecter l’agriculture de certaines zones.
Même moi, Basile, je m’en inquiète un peu pour mes bancs de sable favoris !
Que fait-on pour s’y préparer ?
Heureusement, les humains agissent – parfois lentement, mais sûrement. Voici ce qui est en cours :
- Renforcement des digues, notamment à Cayeux et Le Crotoy.
- Mise à jour des règles de construction : dans certaines zones, on ne peut plus construire ou seulement avec des contraintes strictes.
- Surveillance active par l’ONF, la DREAL et les collectivités.
- Projets de retrait stratégique, c’est-à-dire laisser certaines zones redevenir naturelles pour protéger les autres (comme en Camargue ou en Hollande).
- Valorisation des solutions fondées sur la nature : comme la restauration des dunes, mollières, cordons de galets...
Mais tout cela nécessite du temps, de la concertation, et une bonne dose d’adaptation.
En conclusion : vivre avec la mer, pas contre elle
"Moi, Basile, je suis né dans l’eau et j’y passe ma vie. Mais je sais aussi que l’eau n’est pas un jouet. Elle est précieuse, mais imprévisible. La baie de Somme, c’est un territoire magnifique, mais fragile. Si on veut qu’il le reste, il faut apprendre à vivre avec la mer, pas contre elle."
Informer, anticiper, protéger, s’adapter : c’est un défi collectif, que ce soit pour les humains… ou pour les phoques !
Je vous conseille également de faire un tour à la maison de la baie de Somme , un espace ludique et interactif ou vous apprendrez pleins de choses !!